Histoire du CRIPEN

HISTORIQUE du CRIPEN de 1990 à 2015

L’histoire du CRIPEN est intimement liée à celle de notre système éducatif. Très tôt, dès les premières années de l’indépendance, les autorités du pays ont pris la décision de jeter les bases d’un système éducatif performant en adéquation avec les objectifs de développement de la République de Djibouti.

Le défi majeur des hauts responsables du pays a été surtout la mise en place d’une école qui dispense un enseignement de qualité en cohérence avec les réalités socioculturelles du pays.

Pour ce faire, en 1983 et en 1984, deux Bureaux Pédagogiques, l’un pour l’enseignement du second degré et l’autre pour le primaire sont créés.

Le Bureau Pédagogique du primaire avait pour mission de (d’) :

  • mener des études d’adaptation des objectifs et des curricula du primaire
  • produire les documents pédagogiques et didactiques pour les enseignants
  • assurer une formation continue aux enseignants en général et aux enseignants conventionnés en particulier
  • procéder à la diffusion des innovations retenues et à l’évaluation de leur impact

Quant au Bureau du Second degré, faute d’une structure similaire à celle du primaire, son personnel, était chargé du suivi des enseignants et de l’animation d’ateliers de formation disciplinaires.

1990, création du CRIPEN

C’est en Septembre 1988, que le Ministère de l’Education Nationale propose par note de service la transformation du secteur « Recherche- Production » des deux bureaux pédagogiques en un véritable centre de recherche, d’information et de production avec une nouvelle organisation et un nouveau mode de fonctionnement.

Ce n’est qu’en Avril 1990 que le Gouvernement de la République par le Décret N° 90-041/PR/EN du 08 Avril 1990 décide de donner au pays un Institut Pédagogique National : le CRIPEN (Centre de Recherche, d’Information et de Production de l’Éducation Nationale).

Dans le cadre du deuxième projet d’éducation financé sur un prêt de la Banque Mondiale conforme à l’esprit du Plan quinquennal 1989- 1994, le CRIPEN commence à se développer progressivement, en suivant les grands axes de son action pédagogique, pour mettre sur pied un système éducatif adapté au contexte djiboutien.

Dès Septembre 1990, le CRIPEN s’est attelé au :

  • Lancement de plusieurs formations à l’étranger et in situ sur la gestion d’un centre national pédagogique, l’édition et l’évaluation pour les premiers cadres du CRIPEN.
  • Lancement de plusieurs projets de recherche avec le BIEF (1991-1992) :
    • évaluation du système éducatif
    • réforme des programmes du premier degré (primaire)
    • réforme des programmes du second degré (Collège et Lycée)
    • formation et rédaction d’un guide du directeur d’école
  • Lancement d’un projet de réforme de l’enseignement du français financé par la Coopération française sous la Direction scientifique de Pierre Dumont et Dominique Verdelhan. Ce projet dénommé « Nouvel Ensemble Didactique (NED) » avait pour objectifs :
    • la mise en place d’une nouvelle méthode pédagogique : « l’approche Communicative »
    • l’édition d’une série de manuels de français du CI au CM2. Ces manuels étaient conçus à Djibouti par des enseignants djiboutiens et français mais édités en France par des maisons d’édition françaises (Edicef, Servedit, Hatier, etc.) à qui appartenaient les droits d’auteur. Les prix de ces manuels en librairie variaient de 1800 FD à 3750 FD

Le CRIPEN fut installé successivement à l’Inspection primaire puis dans une salle du Collège Charles de Foucauld puis dans quatre (4) salles au CFPEN.

C’est en Juin 1996, six années après sa création, que le CRIPEN retrouve enfin ses nouveaux locaux au Héron qui ont été inaugurés par l’ancien Premier Ministre Barkat Gourad Hamadou.

C’est aussi dans ces nouveaux locaux, que la Radio Scolaire Éducative fut également installée avec une régie, un studio et un bureau des animateurs. L’Imprimerie du CRIPEN, par manque de locaux adaptés, continua à fonctionner dans les locaux de l’Inspection primaire.

Fier de ses nouveaux locaux et des moyens mis à sa disposition, le CRIPEN accélère ses multiples projets pédagogiques et éducatifs pour améliorer la qualité des apprentissages :

  • Poursuite de l’édition des manuels du Nouvel Ensemble Didactique (Le cabri et chacal, Voyage en Afrique, Carrefour) et de leurs guides du maître
  • Production de guides pédagogiques disciplinaires (Maths, Histoire-Géographie, EMT, Éducation civique, etc.)
  • Projet d’Éducation en Matière de Population (EMP)
  • Projet d’Éducation à l’Environnement (ERE)
  • Projet « Explorons le Droit Humanitaire (EDH)
  • Projet de Lutte contre le SIDA (PLS -Éducation)

Le CRIPEN, entre autres, a publié depuis sa création plusieurs revues comme :

  • le Bulletin de l’Éducation Nationale (BEN) à destination du monde éducatif
  • la revue Études qui relate les événements pédagogiques, les compte rendus de formation, etc.
  • l’ÉCRIVERON, journal à destination des collégiens
  • LIAISON, Bulletin des professeurs de français

1999, premier tournant

De juin à décembre 1999, le CRIPEN, cheville ouvrière du MENSUP, s’est montré incontournable pour la réussite de l’organisation des États généraux de l’Éducation qui furent les premiers du genre en République de Djibouti.

A cette occasion, le CRIPEN avait produit toutes les brochures et documents écrits et audio- visuels qui ont servi aux débats préliminaires mais aussi durant les assises. Tout le personnel avait également pris part aux différentes commissions.

Suite aux recomman- dations de ces États généraux, le CRIPEN fut chargé de mener à termes une réforme en profondeur des programmes et l’édi- tion des manuels scolaires pour tous les niveaux d’ensei- gnement.

En 2000, lancement de la réforme du fondamental

La réforme du fondamental est destinée à satisfaire les besoins d’apprentissage fondamentaux qui devront amener l’élève à comprendre et évoluer dans son environnement économique et social, à être porteur de valeurs culturelles et sociales authentiques, à devenir un agent de développement et de progrès social et à construire sa propre personnalité.

A ce niveau, la réforme curriculaire a été construite sur la base d’une nouvelle méthode pédagogique appelée Approche par les Compétences (APC) ; elle se caractérise par une souplesse dans les contenus (des programmes disciplinaires contextualisés, mais non figés), une ouverture sur le monde environnant (il ne s’agit pas de s’enfermer sur soi-même) et une triple volonté :

  • Volonté politique d’adapter les curricula de l’Ensei- gnement Fondamental à la réalité socio-économique et culturelle
  • Volonté d’installer l’enfant dans sa propre culture, d’où la contextualisation des programmes
  • Volonté d’installer un modèle linguistique plus pertinent qui répondrait mieux au contexte économique du pays : le multilinguisme

L’école primaire change dès lors de configuration ; elle devient une école fondamentale de 9 années d’études obligatoires de 6 à 16 ans et par conséquent l’offre de la scolarisation demande un investissement sans précédent pour accueillir les élèves (infrastructures, mobiliers, équipement, éditions…). Le renforcement de l’accès pour atteindre l’Education Pour Tous (EPT) s’est traduit à Djibouti par une augmentation significative du budget alloué à l’Éducation nationale.

2008, Second tournant
A. Nouveaux statuts du CRIPEN

Par le décret présidentiel N°2008-0038/PR/MENESUP daté du 29 janvier 2008 et fixant le statut particulier du CRIPEN, le centre devient autonome, administrativement et financièrement avec un nouvel organigramme en conformité avec ses missions. Il quitte le statut d’établissement scolaire et devient un établissement à caractère scientifique, pédagogique et technologique avec un Directeur Général et un conseil d’administration.

Ce nouveau décret permet surtout au CRIPEN de disposer d’une autonomie financière qui lui permet de mieux gérer sa politique éditoriale. Désormais, le CRIPEN peut acheter, vendre, bénéficier des financements publics ou ceux provenant de partenaires techniques et financiers du Ministère.

Pour mener à termes ses missions, le CRIPEN a mis en place un plan éditorial très ambitieux. Il fallait, dans un premier temps, produire 47 titres entre 2006 et 2012 pour couvrir les 9 niveaux de l’enseignement fondamental et pour toutes les disciplines.

B. La réforme du Secondaire

L’enseignement secondaire dji- boutien ne pouvait rester en retrait, d’autant que les réformes en amont auront modifié le profil du collégien djiboutien. D’autre part, l’organisation du baccalau- réat ne peut rester éternellement du ressort des partenaires que sont les services du rectorat et de l’université de Bordeaux.

Pour ces raisons, depuis 2008, une réforme de l’enseignement secondaire et du baccalauréat a été mise en chantier.

Cette réforme est ambitieuse puisqu’il s’agit de :

  • « contextualiser » le lycée djiboutien par rapport à la situation nationale (économique, sociale et culturelle)
  • prendre en compte la réforme des niveaux précédents, mais aussi les exigences de l’Université et celles du marché du travail (national et régional)
  • renforcer le rôle du français, médium d’enseignement, tout en renforçant les autres langues internationales ;
  • garantir à l’enseignement secondaire djiboutien une reconnais- sance internationale.

Les contours de la réforme ont été fixés par la circulaire ministérielle du 25 juillet 2009. Sa coordination générale est confiée à l’Inspection Gé- nérale qui rend compte au Ministre de l’avancement des travaux. Des Groupes de Travail Disciplinaires (GTD) ont été institués. Ils sont présidés par les Inspecteurs de la discipline.

L’équipe nationale composée d’inspecteurs, de conseillers péda- gogiques et d’enseignants s’est mise au travail pour rédiger les curricula et les supports pédagogiques (manuels, CD/DVD et guides de l’enseignant).

Ces supports pédagogiques du Secondaire parachèvent les réformes successives qui ont touché l’Enseignement Fondamental. Ainsi, notre système éducatif acquiert une indépendance éditoriale.

Aussi, les plans éditoriaux ambitieux mandatés par le Ministère de l’Éducation Nationale et confiés au CRIPEN témoignent de la volonté de pérenniser cet acquis.